La prison de San Pedro de LaPaz en Bolivie est reconnue mondialement pour être un phénomène en ce qui a trait aux milieux carcéraux. Je vais commencer par vous rassurer en vous disant que j’y étais pour une découverte et non pour un délit…;-P
Pendant plusieurs années cette prison a offert des « tours guidés » aux étrangers qui n’ont pas froid aux yeux, qui sont curieux de comprendre comment cet endroit est organisé ou bien qui aimeraient y faire des emplettes…Et je reviendrai sur cette petite dernière.
Par contre, depuis plus d’un an, la prison est fermée aux touristes. Un jour, un visiteur a filmé en secret sa visite de la prison et a diffusé aux médias tout ce qui s’y passait alors le gouvernement bolivien a décidé d’interdire complètement les visites par les touristes et pour cause. Il se passe là des choses assez étranges…
Tout de même j’avais entendu dire entre les branches qu’il était toujours possible d’y entrer mais qu’il fallait trouver la personne clef qui allait nous permettre d’outrepasser cette interdiction. En sondant quelques agences de voyages locales, je me suis vite rendu compte qu’eux-mêmes n’étaient pas au courant que les visites continuaient d’aller bon train, mais dans l’ombre…! Le secret étant bien gardé entre les touristes…
Et donc j’ai décidé, en compagnie d’un couple de néo-zélandais bien adorable (Callum et Haley) de me rendre directement à la prison (qui se trouve en plein centre de la ville!) afin de voir si on ne pouvait pas rencontrer quelqu’un là qui pourrait nous aider à s’y faufiler.
Et bien quelle surprise j’ai eu lorsque, dès mon arrivée près de la prison, une petite femme jolie et toute souriante, qui parlait un anglais plutôt bien, nous a abordé tout naturellement, en nous disant que nous ne pouvions pas visiter la prison maintenant mais que nous pourrions entrer vers 16 :00 puisqu’aujourd’hui c’est Noël et c’est plus compliqué…Ouais!:-)
Elle nous a dit d’aller attendre un peu plus loin, sur le pas de l’église, afin qu’elle vienne nous y prendre dans quelques 40 minutes et que le prix d’entrée serait de 400 bolivianos (60$USD) auquel il faudra ajouter un minimum de 20 bolivianos en pourboires pour le guide. C’est extrêmement cher selon les standards boliviens…
Bon ce fut un peu plus long et compliqué qu’anticipé mais finalement, autour de 17 :00 on nous faisait entrer rapidement et discrètement (à travers tous les policiers et gardiens!) deux par deux afin de nous faire passer vers une petite pièce où une gentille gardienne nous tatouait au crayon feutre d’un numéro afin de bien pouvoir nous retrouver quelque part dans la prison au cas où… :-S
L’illustre prison de San Pedro fut pendant 120 ans un couvent pour femmes. Depuis maintenant 75 ans cet ancien couvent sert de prison aux 1700 détenus qui s’y trouvent, en grande majorité (80%) pour des crimes reliés au trafic de la cocaïne et sinon, meurtres, vols qualifiés et autres…
Le concept carcéral est élaboré de la façon suivante. Premièrement il n’y a pas de cellules ni de barreaux, ce sont plutôt, dépendant du budget du prisonnier, des dortoirs, chambres ou appartements. L’idée de base est que le détenu doit pourvoir à ses propres besoins et payer pour tout, sauf la nourriture. Le gouvernement offre la nourriture gratuitement et c’est TOUT. Cependant notre détenu-guide nous a expliqué qu’on ajoute des calmants à la nourriture alors certains prisonniers, si leur budget leur permet, ne touchent pas cette nourriture.
Ils doivent donc payer pour leur habitation, leurs vêtements, les commodités et tous les petits luxes. Il n’y a également pas de limites à ce qu’un détenu peut posséder dans cette prison. Chacun s’affaire à se trouver une façon de faire de l’argent afin de se procurer ce dont il a besoin. Certains ouvrent des commerces, d’autres fabriquent des meubles qu’ils vendent aux touristes passants ou bien même à l’extérieur des murs de la prison, on en voit qui nettoient les aires communes, vident les poubelles, sont réparateurs électroniques, cordonniers ou artisans!
Les plus riches (habituellement de grands narco-trafiquants) possèdent des petits appartements bien luxueux avec tapis, grand lits confortables, cuisine, télévision, câble, vidéo, système de son et plus! Les plus pauvres dorment entassés dans des dortoirs infectes et nauséabonds tandis que les clochards dorment sur les toits…
Il n’y a pas de garde non plus qui circulent dans la prison mise à part chaque matin afin de faire le décompte de détenus. Ensuite ils retournent à l’entrée et ce sont les détenus eux-mêmes qui organisent la sécurité et la vie interne. J’ai vu des équipes de détenus se promener dans les différents quartiers avec leur t-shirt (et leur matraque) où est indiqué « comité disciplinaire ». Les gardiens n’ont le droit d’intervenir que lorsqu’il y a quelques choses de très grave…à définir...
La prison est divisée en sept quartiers différents. Du quartier le plus pauvre et violent au quartier le plus riche et calme. Chaque quartier possède un président, un vice-président et un trésorier qui, bien sûr, doivent rendre des comptes aux autres détenus du quartier.
Tout le monde est libre de circuler à sa guise à l’intérieur des murs de la prison mais le soir chacun retourne bien sûr dormir dans son propre quartier. Et puis il y a des enfants qui s’amusent partout!!! Et oui, les détenus ont le droit d’y vivre avec leur famille! On compte donc 2500 personnes lorsque l’on ajoute les femmes et enfants. C’est une vraie ville cette prison! Il y a de tout! On y retrouve des dépanneurs, des restaurants, des boutiques de vêtements, des saunas, des salles de billards et de conditionnement physique!
Les détenus ont accès à TOUT ce qu’ils souhaitent mise à part la liberté. On peut facilement jouir d’à peu près n’importe quoi : Outils, nourritures, vêtements, divertissements, sports, loisirs, aires de jeux et de détente, garderie, prostituées et toutes les drogues que l'on peut souhaiter… :-S En autant que l’on ait de l’argent!
D’ailleurs cette prison a fait sa renommée puisqu’elle abritait (et sûrement encore, même si on nous a dit le contraire) une usine de production de cocaïne. Elle fait d’ailleurs le bonheur de plusieurs touristes qui peuvent y entrer pour visiter et en ressortir bien allégrement avec autant de grammes de cocaïne ou de marijuana qu’ils le souhaitent, en se faufilant tranquillement à travers les gardes qui sont tout à fait au courant de l’affaire. D’où les emplettes…
Une expérience des plus extraordinaires la visite de cette prison! Deux heures captivantes avec Hernan (qui sert 10 ans pour exportation de drogues à moins qu’il puisse amasser 3000$ afin de payer le juge qui alors ne lui imposera que 2 ans!) et Marcello (qui a l’air d’un tueur à gage) notre garde du corps…
Pour ceux que cela intéresse, un livre a été écrit sur cette prison par Rusty Young (un ancien détenu) qui s’intitule « Marching Powder »! Semblerait que ça vaut le coup.
Vous excuserez l’absence de photos sur ce dossier…;-)
Tout de même voici quelques photos des magnifiques routes de terre battue qu'offre le sud de la Bolivie...
La traversée en Bolivie par le lac Titicaca |
La Nuestra Senora de LaPaz…
Comment faire une entrée en ville remarquée:
-Il faut se faire chier avec au moins 30 minutes d’une intensité qui donne des cheveux blancs, à se faufiler entre des dizaines de « crazy buses » (ces minibus locaux qui arrêtent, repartent, embarquent et débarquent des gens, braquent vers la droite un coup, reculent un brin, repartent et là braquent vers la gauche…et tout à coup freinent…et klaxonnent! Ils ont vu un client!! Tassez-vous, j’le veux!!) afin de traverser le bled de « El Alto » pour finalement emprunter une autoroute qui nous mènera bien aisément vers le centre-ville;
- En arrivant au centre, un peu stressé, il faut poser beaucoup de questions aux gentils piétons pour montrer qu’on est bien ignorant et on ajoute un accent charmant de la campagne pour être certain que les gens ne comprennent qu’à moitié;
-Ensuite il faut qu’il pleuve, fort de préférence, ça ajoute indéniablement au dramatisme;
-Et puis ça ne nuit pas nécessairement de tourner en rond plusieurs fois! Il faut y mettre son cœur voyez-vous! Si on a la chance de demander la même question au même piéton qu’on ne reconnaît pas c’est la coche!;
-Finalement, lorsque vous arrivez devant votre hôtel (je l’avais booké sur le web, la veille) il faut freiner dans une côte abrupte, sur du pavé-uni mouillé, couvert d’une petite couche de boue rouge parfaite. Et voilà! On s’arrête bien difficilement et avec toutes nos habiletés motrices, en déséquilibre, trois adresses plus loin!!;
-Si vous êtes flemmeux, il s’agira d’un sens unique étroit et les gens doivent vous klaxonner à répétition pour vous montrer qu’ils ne sont pas impressionnés par vos prouesses de motard à la con;
-Le chapeau melon sur la p’tite grosse à tresses (ça c’est ma version bolivienne de la « cerise sur le sundae » :-) c’est qu’il faut se foutre de tout cela et faire un demi-tour lent et laborieux qui bloque tout le monde et surtout…il faut sourire dans son « full face »! Ça nous fait des p’tites bajoues adorables…;-)
La capitale de LaPaz est sise à quelques 3600m d’altitude et semble complètement à son aise dans son désordre organisé. Mise à part l’église de San Francisco qui est très belle, la ville n’offre pas de cachet particulier et est remplie de mendiants et de gens pauvres, jeunes et moins jeunes, qui vous abordent constamment pour de l’argent. Les avis sont très partagés sur cette ville. Plusieurs voyageurs me disent aimer beaucoup cette ville tandis que d’autres la détestent. Pour ma part, je n’ai pas vraiment aimé cette ville. De plus les boliviens, tout comme les péruviens, sont souvent mauvais en relations interculturelles, en affaires et surtout en service à la clientèle. Ils sont souvent bêtes, sans façon, désintéressés et un peu niais. Les choses les plus simples et les plus logiques pour nous semblent très complexes pour eux.
Bon j’avouerai que j’avais usé toute ma patience au Pérou alors il ne me restait plus tellement d’outils de gentlemen rendus en Bolivie. Si au moins j’avais eu la forme, ça m’aurait aidé! Là je commençais sérieusement à vivre le mal des montagnes et de l’altitude, je n’avais plus d’énergie, j’étais mal alimenté parce que je n’avais pas faim, déshydraté parce qu’il faisait froid et je n’avais pas soif, avec un bon rhume d’homme et le souffle court par manque d’oxygène, appuyé par une bronchite aïgue….Génial!:-S
Je ne vous dis pas ça pour me plaindre. C’est seulement que la Bolivie avait beaucoup à offrir en fait de montagnes, lacs et rivières, cultures et découvertes, régime alimentaire, végétation et paysage mais je n’ai pas pu en profiter comme j’aurais voulu.
J’y suis tout de même demeuré quelques jours pour ensuite me diriger plus au sud vers la ville de Oruro où j’ai rejoins Taylor, cet américain de Los Angeles qui voyagent en KLR 650 et que j’avais rencontré sur le bateau entre le Panama et la Colombie. Il voyageait maintenant seul (petit problème avec son partenaire de voyage…) et me demandait si ça me disait de faire un bout ensemble. Vous me connaisez…
Ensemble nous avons visité le très mystique Salar de Uyuni, cette mer intérieure désechée qui offre un paysage à couper le souffle!:-D
Après une seule nuit à Oruro (merci mon Dieu!) nous avons quittés ensemble pour la ville de Tupiza. La KLR de Taylor ne fait pas plus que 70 kilomètres à cette altitude alors je vous le dit, c’était long en siouplaît! Moi qui roule plutôt 120-130 sur les belles routes (en écoutant mes chansons de Noël), j’avais l’impression d’être assis sur mon divan et de regarder un reportage de National Géographic sur les Andes, sans narration.
Dès le lendemain, nous décidions d’attaquer la douane de l’Argentine! La douane un 31 décembre ce n’est pas la meilleure idée au monde! Quel bordel il y avait! Un festival de ligne d’attente qui n’avance pas! Bon finalement après deux heures je réussis à me rendre jusqu’au responsable qui allait émettre mon permis d’importation temporaire pour la moto mais qui me dit que sans assurances, je ne rentrerai pas en Argentine…Je lui dit donc que j’ai des assurances internationales (vous vous rappelez!) et il me dirige donc vers l’immigration. Après une autre petite heure et demi d’attente en ligne (pendant que le préposé était partit dîner), j’arrive finalement au comptoir et c’est un solide gaillard, le chef de douane, qui m’accueille.
Bien sûr il me demande tous mes papiers, incluant mes assurances pour l’Argentine. Je lui remets mes fameuses assurances bidons et donc il me dit : « Allons voir la moto! » En passant, il consulte un collègue au sujet de mes assurances qui sûrement lui dit que je suis plein de merd…(Il devait parler anglais et il est clairement indiqué sur ce papier que les assurances ne couvrent que le Canada et les É-U.)
Il vient donc me rejoindre près de la moto en me disant : « Tu parles castillan non? » Et moi je lui réponds : « Juste un p’tit peu! » (qui me laisse habituellement une porte de sortie au cas où ça chaufferait trop)
Alors il s’est mis à m’expliquer très gentiment que je ne pouvais pas entrer au pays sans ces assurances, d’aucune façon. Je lui ai donc très gentiment dit que si les assurances étaient obligatoires, il devrait y avoir un bureau d’assurances directement aux douanes, comme dans les 13 autres pays que j’ai fait! Il m’a donc dit : « Écoutes, je vais te laisser entrer pour prendre un taxi jusqu’au bureau d’assurances qui se trouve à quelques quinze minutes dans la prochaine ville, avec les papiers de ton ami en main, afin que tu achètes des assurances et lorsque tu reviendras, je te ferai passer tout de suite, sans attente! » Bon ça commençait à ressembler à un plan mais tout de même je lui ai répondu avec un peu d’inquiétude: « Nous sommes le 31 décembre à 16 :00, le bureau sera sûrement fermé!? »
Avec tout son calme et sa gentillesse, il ma réconforté en me disant : « Ne t’inquiètes, il s’agit d’une maison privée avec un bureau à la maison et le gars est sûrement là. Je vais t’écrire l’adresse que tu donneras au chauffeur de taxi. »…Merci Monsieur!! Mon espagnol me revient là tout d’un coup!
Je dois avouer que les boliviens du sud sont beaucoup plus sympathiques…
Et donc après 4 heures de douanes nous passions en Argentine avec des assurances qui me couvrent pour les trois prochains mois et qui me couvrent également pour tous les pays limitrophes à l’Argentine (Chili, Bolivie, Uruguay, Paraguay, Brésil!). Pour 60$USD...
Je laisserai mes prochains vidéos parler d’eux-mêmes des routes du sud de la Bolivie… :-D
Putain je suis rendu en Argentine!!!!:-D
Ray
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