mardi 30 novembre 2010

Le désert de Sechura

« …Les voyages à moto nous font voir les choses d’une façon totalement différente. En voiture on est enfermé. Parce qu’on y est habitué, on ne se rend plus compte qu’à travers les vitres on ne voit pas mieux le paysage qu’à la télé. On n’est plus que le témoin passif d’un spectacle ennuyeux, figé.

En moto, plus d’écran. Un contact direct avec les choses. On FAIT PARTIE du spectacle, au lieu d’être un simple spectateur. Le ruban de béton, qui se déroule en sifflant à dix centimètres sous vos pieds, c’est vraiment un ruban de béton. Son image reste floue, à cause de la vitesse, mais à tout moment on peut le toucher du talon, tout reste accessible à la conscience immédiate… »

(Extrait du livre : Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes, Robert M. Pirsig)

Je suis enfin arrêté mais les trois derniers jours furent sur la route. Des journées intenses mais à la fois que dire de la route?…Elle m’apporte à chaque instant tant de nouveautés que je dois m’arrêter un peu afin d’absorber toutes ces émotions, découvertes et expériences.

Premièrement, j’ai quitté l’Équateur d’une bien drôle de façon. Dans la même journée, je suis passé du froid et de l’humidité des montagnes andaises au chaud et sec désert de Sechura, dans le nord du Pérou. Laissez-moi vous dire que la transition, quoique douce, est bouleversante. Tout ce changement tout de même en seulement quelques heures!!!...Wow! Disons que j’ai rapidement dû enlever des couches de vêtements. Je suis parti des poignées chauffantes, manteau, combinaison aux…soleil, sueurs et t-shirt!

La douane que j’ai traversé en était une très petite et je me suis retrouvé seul, avec le seul agent sur place! Il a fait son gros méchant au début mais je l’ai graduellement adoucit avec mon charme habituel;-)…Environ trente minutes et j’entrais au Pérou!:-)

J’ai d’ailleurs rencontré Pablo (un argentin) qui passait en sens inverse. En moto, on fraternise, c’est naturel. Il a tout de suite vu ma moto et moi la sienne et déjà un échange de sourires et de salutations. Il a même attendu que j’ais terminé avec le douanier afin de me parler un peu. Il est parti de l’Argentine en août 2008 et remonte tranquillement vers l’Alaska tout en trouvant du boulot ici et là afin de financer sa traversée (www.unlugarenelmundo.tk).

Jusqu’à présent les péruviens sont gentils avec moi. Quoique discrets, ils offrent instinctivement leur aide lorsqu’ils perçoivent un besoin. Par exemple, en arrivant à Piura ma première journée au pays, j’étais un peu stressé par le temps puisque le soleil se couchait. En demandant le prix d'une chambre au premier hôtel rencontré, l’employé m’a regardé en riant et m’a répondu 80$USD. Un peu de condescendance j’ai senti, mais je n’en ai pas fait de cas…

Enfin je lui demande, est-ce qu’il y a des endroits plus abordables? Il me dit:"Un instant!" mais tarde à revenir alors je m’apprête à monter sur ma bécane un peu impatient et un autre employé sort en courant et me demande ce que je cherche. Je lui explique et tout de suite il quitte son poste et me dit de le suivre! Et bien pendant vingt minutes, il a couru de tous les côtés du centre-ville pendant que je le suivais tranquillement à moto, afin de me trouver un hôtel!! Finalement aucun endroit n’avait de disponibilité alors il s’est tanné et m’a dit du dernier souffle qui lui restait : « Retournons à l’hôtel et je vais prendre ma moto et tu me suivras jusqu’à un autre endroit!! »…Il m’a donc trouvé un endroit parfait, a attendu que je déleste ma moto complètement, que la moto soit garée en sécurité et que j’entre avant de me quitter. Bien sûr je suis allé le retrouver à son hôtel le lendemain, je l’ai remercié une autre fois, nous avons échangé nos coordonnées et nous avons diné ensemble. Il était vraiment surpris et heureux de ma visite. Il est vraiment trop gentil Carlos! Bravo pour avoir sauvé l’image de ta ville!!:-)

Et puis même chose en quittant la ville le lendemain (c’est souvent un tour de force de sortir d’une grande ville pour retrouver l’autoroute…), un autre client de l’hôtel était là à me jaser pendant que je chargeais la moto. Quand je lui ai demandé comment sortir de la ville et a sûrement perçu dans mon regard que ses explications n’avaient pas la portée voulue, il s’est tout de suite offert pour que je le suive jusqu’à la panaméricaine! Youppi!! Ça j’aime ça!:-D























Et bien en quittant Piura, je me suis retrouvé sans vraiment le savoir dans le désert de Sechura!! Pas un semblant de désert…Un VRAI désert comme dans les films!!!;-)…J’étais extatique!

J’étais tellement excité de vivre mon tout premier désert que je chantais dans mon casque et dansais doucement sur ma moto! (Et oui, ça m’arrive de danser avec Pénéloppe… :-)

Affronter le désert c’est une sensation sublime, de profondeur, de réflexion, d’excitation, d’isolement, la sensation de se battre contre le vent qui vient de tous les côtés, de voir les dunes de sables, les arbustes frêles et sans verdure, les montagnes de pierres sans vie, de grimacer parce que le sable parfois nous fouette!

Le désert c’est un endroit idéal pour penser à la vie. On se retrouve "vivant" au milieu de ce décor qui annonce la sécheresse et la mort et donc on ne peut que se sentir encore plus vivant! C’est vraiment une expérience fantastique.



















Je suis ensuite arrivé à Pimentel pour dormir. Une ville balnéaire sans intérêt particulier et qui est si calme que c’en est inquiétant. Tout de même j’ai trouvé un hostal très joli, aménagé dans une très grande et vieille maison, avec des plafonds hauts et beaucoup de boiseries. Le propriétaire, de personnalité calme et posée, était fort sympathique et de plus ressemblait à Robert Charlebois!
Je n’avais pas vu de plage depuis mon escale entre le Panama et la Colombie alors j’ai beaucoup apprécié de renouer avec l’océan, cette fois-ci, Pacifique.
J’ai bien rit de moi-même en arrivant directement sur la plage avec ma moto! En apercevant un groupe importants d’oiseaux qui se reposaient bien paisiblement sur la plage, j’ai accéléré et foncé droit sur eux afin de pouvoir passer à travers eux lors de leur envolée! Et bien c’était vraiment cool jusqu’à ce que je m’aperçoive que les beaux oiseaux cachaient par leur présence un beau gros trou de sable mou!! Je me suis quasi pété la gueule mais j’ai tout de même bien rit! Je suis certain que je ne suis pas le seul idiot à rire de ses propres conneries!... :-D

Le lendemain j’ai repris la route vers le sud pour rejoindre Trujillo.
Encore une fois une journée sublime à « rider » le désert! Et puis tout d’un coup lors d’un passage à travers un petit village, j’aperçois une pancarte annonçant un site archéologique et vlan!, je ne peux résister et fais vite demi tour pour aller y mettre mon nez…

En passant à travers quelques maisons dans un chemin de sable, je suis arrivé sur le site. Personne sur place pour m’accueillir? Personne autour pour me déranger! Et bien explorons! Il s’agissait d’un nouveau site, petit et en développement. J’ai donc fais rapidement le tour des trous creusés qui nous permettaient de voir des artéfacts incas datant probablement des années 800 à 1500 après Jésus-Christ.
Surtout des vases, des tombeaux et quelques murs de pierres taillés. Bon, peu importe ce que j’y trouve, je suis tout de même seul au monde dans ce site original inca du nord du Pérou! En quittant, un homme sort de la maison qui se trouvait au centre et me salut de loin…Il a peut-être voulu me laisser à moi-même pour ne pas déranger mon moment de découverte…?










Et puis je reprends la route mais, plus tard, lors d’une petite halte repos sur la plage (La route longeait directement l’Océan), je rencontre une petite famille de péruviens qui s’y étaient aussi arrêtés. Je discute un peu avec eux et leur demande s’ils veulent bien m’aider à retourner ma moto avant de quitter parce que j’avais crainte de ne pouvoir le faire seul dans ce chemin de sable étroit. En retournant ma moto je remarque que ma carte indique des ruines incas tout près! Ah!:-)...Alors je demande à la famille qui quitte et me répondent que les ruines sont là, à la prochaine intersection mais que je dois passer à travers un bout de désert un peu compliqué pour m’y rendre. Et bien pourquoi pas! Compliqué c’est chouette non!?...

Je devais me diriger « Est » mais après dix minutes à me perdre dans le désert je croise une petite maison avec une voiture et j’arrête. Les gens sur place me disent que je suis presque rendu! Un petit kilomètre et je pourrai les apercevoir de loin!:-S

Somme toute, je les ai trouvé et eu la chance de visiter les ruines de Chan Chan qui datent de l’an 850 après Jésus-Christ! Moins impressionnantes que les pyramides mayas mais tout de même culturellement captivantes!:-)











Je me plais bien sur le site mais là je dois faire vite puisqu’il ne me reste plus beaucoup de temps avant la tombée de la nuit. Avant de quitter je vais acheter quelques cartes postales et la dame me dit que je dois absolument visiter Huanchaco, un incontournable à seulement quinze minutes! Et bien chère dame c’est exactement ce dont j’ai de besoin. Je suis fatigué et je dois m’installer pour la nuit très bientôt.

Alors je suis à Huanchaco, une belle ville en bordure de mer. Petite, coquette et tranquille, cette ville est aussi une destination de surf. Je vais donc me reposer ici une nuit ou deux avant de repartir.

Je vous laisse sur une autre citation de Monsieur Pirsig

« … Le passé n’existe que dans nos souvenirs, le futur n’existe que dans nos projets. Le présent est notre seule réalité… »

Ray

P.S. Je suis désolé j'ai plusieurs videos intéressants pour vous mais mes connections Internet actuels sont trop pauvres pour "uploader"...:-(