« …Il est 2 :30 du matin et j’ai peine à dormir. À 4 :00 exactement j’aurai mon tour de garde à la barre et je veux être à la hauteur. Je ne veux pas être trop endormi lorsque l’on me réveillera.
Et puis ça y est, on me pousse délicatement dans le dos pour me dire qu’il est 4 heures… »
J’étais bien sûr retombé dans un sommeil profond alors je me suis réveillé quelque peu en sursaut…prêt comme un scout!! Où? Oui? Hein? Quand? Comment?...J’arrive!!:-S…
Heureusement le gars qui avait le quart de garde précédent me dit de prendre mon temps, pas de stress, la Mer est calme…Bon ça fait déjà un de nous deux!!
Je me glisse de mon lit et me faufile entre les corps pour me rendre jusqu’à l’extérieur où, encore là, des gens dorment éparpillés partout. Tout de même nous sommes 17 à bord du Katamaran lorsque je compte Fritz, sa blonde Tuly et Robert, le colombien-matelot.
« …J’ai choisi le quart de 4 :00 à 5 :00 puisque le soleil se lève à 5 :30 et je me suis dit que ce serait trippant d’être là lorsque la sombre nuit se métamorphosera graduellement en une nouvelle journée, notre dernière en Mer. Je prends donc mon journal, un crayon, mon sifflet de sureté que j’accroche à mon cou ainsi que ma lampe frontale parce que je dois faire pipi par-dessus bord avant de prendre poste et si jamais je tombais en Mer, ce serait ma seule chance de m’en sortir. Seulement 20% des gens qui tombent par-dessus bord sont finalement récupérés alors disons que ce n’est pas une option de toute façon. Alors je fais pipi bien accroché sur un câble solide et je me concentre…
Maintenant je suis en poste et je vous écris parce que je pense à vous. Vous qui êtes ma famille et mes meilleurs amis. Vous qui me suivez dans cette aventure et qui vous inquiétez pour moi. Je suis vraiment excité d’être là, à la barre, responsable de ces autres 16 personnes à bord. Mon rôle est simple; je dois vérifier l’horizon et m’assurer qu’il n’y a pas d’autres embarcations en vue, qu’il n’y a pas de problème avec l’ordinateur de bord, avec le pilote automatique ou avec le moteur. Si jamais il y a quoi que ce soit, je dois réveiller le capitaine qui dort là, tout près, sur le plancher de la cuisine, prêt à intervenir.
Bon je m’installe donc sur le banc du capitaine et je veille. En fait je triche. Je ne regarde que sporadiquement. Je suis en train d’écrire dans mon journal personnel. Il n’y a que le bruit du moteur et le bruit des vagues. Tout le monde dort, je suis seul. La roue devant moi tourne tout seul et nous suivons un cap 75 degrés (Est/Nord-Est) vers Cartagena, Colombie.
Le première chose que je remarque est que derrière moi il y a un spectacle de lumière. J’aperçois de la bioluminescence du plancton provoquée par la vague de sillage des deux quilles du katamaran. Tout plein de petites lumières qui dansent sur l’arrière du bateau. C’est vraiment beau dans cette noirceur.
J’ai peine à réaliser que je suis littéralement en train de passer de façon irrégulière du Panama vers la Colombie à bord de cette embarcation, avec ma moto à bord qui repose parfaitement sur le pont, bien arrimée. Le ciel est couvert et on ne distingue que quelques étoiles.
Il ne reste déjà que 10 minutes avant de réveiller John qui prendra la relève entre 5 :00 et 6 :00. Je vais rester avec lui à guetter, mais surtout à penser et à attendre le levé du soleil. Notre ETA (Estimated Time of Arrival) pour Cartagena est à minuit, mardi le 19 octobre 2010.
Je ferme mon journal pour apprécier mes dernières minutes… »
Je vous écrirai bientôt mais je suis bel et bien arrivé à Cartagena, heureux d’y être.
Ray.
Les Kuna qui apportent des vivres au village voisin, contents que je les ai aidé à charger |
Le port de Carti |
Ging qui s'apprête à embarquer son DR 650 |
Pénéloppe qui attend...(oui mon blonde à un nom maintenant!:-) |
Fritz qui arrive... |
Bizarre de voir mon bike sur un Katamaran... |
Une jeune fille Kuna qui m'offre son plus beau sourire |
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