Je suis arrivé ici vers 17 :30 cet après-midi, et donc six heures de moto aujourd’hui, une moyenne. La route était très belle et j’ai roulé entre Mer et montagnes…trop hot!:-)
Hier soir j’ai dormi à Poza Rica dans un hôtel plutôt bien (j'aime bien quand les planchers sont de marbre!) et j’ai aimé l’ambiance de la ville, d’ailleurs beaucoup plus sécuritaire que Tampìco et j’ai pu faire ma marche de curieux comme je l’aime. En fait, il faut savoir que les villes frontalières entre le Mexique et les États-Unis sont des endroits à éviter. Les cartels sont omniprésents, la corruption et la criminalité y règnent et depuis la dernière récession aux États-Unis, les choses se sont empirées. De toute façon, les échanges se passent toujours là. Malheureusement ma moto ne vole pas alors j’ai dû y passer. J’ai vécu de mauvaises expériences à Tampìco et je ne vous en parlerai pas. Je ne voudrais pas vous inquiéter pour rien puisque tout va très bien!
Je vous ai parlé déjà de cette Grâce qui me suit, et bien elle me suit depuis mon tout jeune âge. Plusieurs fois elle m’a tiré du pétrin et dimanche passé, elle s’est manifestée de façon agressive pour m’envoyer un message clair et me sauver, encore une fois. Maintenant je redouble de prudence et c’est ça le message! Pourtant je suis prudent!!? Il semblerait que je ne l’étais pas assez et là j’ai compris.
Ce voyage en est un d’apprentissage.
Les gens m’ont posés beaucoup de questions avant de partir, les unes plus intéressantes que les autres mais celles qui m’embêtaient le plus, parce que je ne savais comment répondre, c’est lorsque l’on me demandait : « As-tu fais un itinéraire de voyage? », « Par où vas-tu passer? », « Tu coucheras où? »…
C’est qu’un voyage comme celui-ci, on ne peut que le préparer mentalement. Oui il y a beaucoup de choses à prévoir et à organiser on s’entend! Mais la première préparation, la plus importante, c’est cette visualisation, cette préparation mentale…
Voyez-vous, c’est le voyage lui-même qui nous rend d’intelligents voyageurs. Je ne suis pas clair peut-être?...Mmmmm. Chaque jour où l’on vit le voyage, nous devenons meilleurs. On ne peut pas apprendre de meilleure façon que de VIVRE le voyage! C’est lui qui nous montre comment faire, il faut juste être attentif, sensible à ce qui se passe…À l’intérieur de nous et autour de nous. Aussi, il faut poser beaucoup de questions. Aller chercher le pouls chez les gens, en temps réel, et savoir discerner les informations.
Chaque jour je deviens meilleur : La langue, la signalisation, les routes, la façon de conduire des citoyens, comment placer mon équipement sur ma moto, les gens et leurs mœurs, le nombre d’heures à passer sur la route, l’heure du coucher du soleil, l’orientation, la différence des monnaies, le prix des nécessités, où dormir, la politique, la géographie, mon comportement et mon attitude et j’en passe…J’en passe beaucoup.
Aussi quand il y a une mauvaise journée, vous pouvez être quasiment certains que le lendemain le "Bon" sera là pour réparer. Il n’y a pas lieu d’être Divin pour ça.
Je vous donne un exemple :
J’ai eu des difficultés à Tampìco et même le lendemain, je tournais en rond pour sortir de cette ville jusqu’à ce que quelqu’un (un motocycliste vendeur d’assurances pour les institutions) sente dans ma voix et remarque dans mon regard un besoin d’aide. Pourtant, je ne fais jamais paraître, puis j'ai un casque, des verres fumés et nous sommes dans le traffic...
Il a tout de suite vu et m’a dit : « Suis-moi! Je vais t’amener! » Et moi par conditionnement je lui ai demandé : « Mais ne travailles-tu pas? » Il a répondu : « Oui j’ai un rendez-vous mais j’ai le temps, il est encore tôt! » Finalement, après 15 minutes à le suivre et à discuter, il m’a laissé partir vers ma destination en m’expliquant encore comme il le faut le chemin et m’a finalement demandé : « Comment on dit ça amigo en français? » Je lui ai répondu : « Ami sans le go à la fin ». Il m’a serré la main de ses deux mains et m’a dit : « Fait un bon voyage mon ami et que Dieu soit avec toi! Sois prudent sur la route que tu prendras aujourd’hui! Il y a beaucoup de trous sur le pavé et les gens roulent vite. » On s’est laissé Juan et moi en se regardant et en se souriant mutuellement. Pas besoin de plus pour comprendre.
Ensuite, un peu plus loin (deux minutes plus tard), il y avait un camion qui me suivait dans l’angle mort et me regardait, ça me fatiguait. Une famille voyageait dans un pick up bien rempli d’équipement. Je suis arrivé à une fourche et me suis arrêté au centre. Je regardais ma carte (sur mon tank bag) pas trop certain quel côté prendre…Le chauffeur m’a crié : « Tu vas où? » Je lui ai dit : « À Poza Rica! ».
Il a tout de suite répondu : « C’est là que nous allons! Tu viens? ». Bien sûr j’ai dis oui! Vamonos!:-)
Et bien je l’ai suivi pendant plus de quatre heures! Il a fait attention de ne pas me perdre tout le long et me regardait souvent dans son miroir. Alberto et sa famille…
Et puis en arrivant à Poza Rica je suis arrêté dans une tienda (un dépanneur disons). Trois minutes plus tard un chauffeur de taxi, un Monsieur d’un certain âge, arrêtait et regardait ma moto. Il s’est ensuite stationné et s’est mis à me parler de moto et de sa passion aussi pour ces engins. Il avait vu ma plaque et savait que j'étais canadien (donc évidemment il savait que le Québec était au Canada!).
Il connaissait pas mal son affaire! Il me disait qu’il lisait beaucoup sur les motos. Il m’a donné beaucoup de sages conseils sur plusieurs choses, pas sur la moto. Il était très positif et sensible. Il avait une intelligence qui ne se trouve pas sur les bancs d'école. Il m’a donné un cadeau avant de partir…Trop parfait le Felipe!:-)
Vous voyez, je vous ai dis déjà que la vie était bien faite. Cette journée là, on m'a littéralement tenu par la main toute la journée. La vie m’a donné exactement TOUT ce dont j’avais besoin…et plus!:-)
Que se vayan bien!
Ray
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